Archives de Catégorie: Histoire du département

Thorame-Haute, été 2017 !


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Film de Roger Comte sur les derniers jours de l’occupation allemande et la libération, à Digne et dans les Basses-Alpes (1944-1945)


film comteA l’occasion de la commémoration du 8 mai 1945, les Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence ont mis en ligne un film témoignage sur les derniers jours de l’occupation allemande et la libération réalisé par Roger Comte.

Roger Comte était l’exploitant de l’hôtel Mistre, situé sur le boulevard Gassendi dans lequel des chambres avaient été réquisitionnées. Il filme avec sa caméra 8 mm la vie de sa famille, mais aussi la vie dans la ville de Digne et donc les événements de la Libération.

Il réalise ensuite un montage de toutes les séquences liées à cet événement avec un résumé qu’il porte sur la boite: « Libération, 19 août 1944 ; bombardement du 16 août. Voir n° 33-34, 14 juillet 1944, Les alpins, Me Audibert, Bouvis à la Bléone, le zinc allemand du 19 juillet 1944, bombardement du 16 juillet, Maisons… La fin de l’Occupation, le char américain ; dimanche 27 août, défilé des FFI, mercredi 30 Sisteron sur la route les colonnes nord-africaines ; dimanche 3 septembre, Mayere CDL ; 1er novembre 1944, préfet Oliac ; 11 novembre, sous la pluie, le préfet Oliac.»

On peut voir en outre dans ce film d’autres événements comme l’accident à Digne le 19 juillet 1944 d’un avion allemand; le bombardement de Digne avec des soldats allemands et français lors du déblaiement; le passage d’une colonne de soldats allemands; l’enterrement des victimes du bombardement de Digne. La libération de Digne le 19 août 44, la reddition des troupes allemandes, l’arrivée des troupes américaines. L’entrée des FFI à Digne le 24 août 44 et un défilé de troupes américaines puis françaises, dont FFI, des autorités civiles et militaires, une cérémonie aux monuments aux morts.

Un témoignage de première main d’une époque où les smartphone n’existant pas, toute image est la bienvenue. A voir donc sur le site :

http://www.archives04.fr/a/241/le-film-des-derniers-jours-de-l-occupation-allemande-et-la-liberation-digne-et-basses-alpes-/

Des femmes et un journal : La Valette à ses poilus


Des femmes et un journal : La Valette à ses poilus

Lecture d’archives par la Mobile Compagnie

Le Jeudi 12 mai 2016 à 19 h Salle du Conseil de la mairie de Thorame-Basse

lecture darchiveEn un peu plus de quatre ans, 60% de la population active a été mobilisée pour la guerre. Ce sont des milliers d’hommes qui quittent leur famille et leur emploi.  Les femmes vont devoir remplacer la main d’œuvre masculine pour gagner leur vie. Les paysannes n’ont pas commencé à travailler en 1914. Leur « mobilisation » a commencé bien avant la guerre mais celle-ci a amplifié leurs activités et leurs responsabilités.

Cette lecture évoque le quotidien durant la Grande Guerre d’un hameau de Thorame-Basse, La Valette, et de ses femmes. Certaines d’entre elles vont notamment rédiger un journal destiné à aider leurs poilus à tenir. Ce bi-mensuel, envoyé gratuitement aux soldats et facturé 20 centimes aux civils était entièrement recopié à la main. Chaque poilu était encouragé à renvoyer son exemplaire avec ses commentaires.
Le premier numéro parait le 8 août 1915, cinquante autres suivront jusqu’en mai 1918.

Entrée gratuite

Histoire de la vallée de Barcelonnette


Après le succès de son premier tome sur la vallée de Barcelonnette dont nous avons publié une recension sur ce blog, page « bibliogr2016 03 12 livre sur ubayeaphie », Xavier Balp a continué sont travail d’érudit et de passionné et publie aujourd’hui le tome II intitulé « Du traité d’Utrecht à la
Révolution ».

La vallée s’est réjouie de son intégration à la France, mais elle est intégrée à un régime fiscal plus lourd, et les guerres françaises deviennent ses guerres. Quant à ses anciens compatriotes piémontais ils pouvaient dès lors devenir ses ennemis, alors qu’ils étaient depuis plus de trois siècles comme des frères. Ses soldats et sa milice étaient appelés à participer, au plus près comme au plus loin, aux combats de la France.

Avec la joie d’être français, c’était aussi la peine de perdre un peu de sa liberté, et de voir la vie devenir un peu plus dure. Après Louis XIV le roi-soleil, le roi Louis XV appelé le Bien-aimé était devenu à la fin de sa vie le mal aimé; une rancœur qui aura tendance à se reporter sur son successeur Louis XVI, pourtant lui aussi bien aimé au début. Le centralisme devenait exagéré. Le parlement de Provence et les autres ont un droit de remontrance, mais ils ne sont pas toujours écoutés. Le peuple souffre et il commence à avoir faim. Un climat lourd qui laisse envisager des réactions profondes. une époque intéressante à découvrir.

Xavier Balp, Vallée de Barcelonnette, Ubaye, Ubayette, Haute-Provence, tome II, >Du traité d’Utrecht à la révolution, 186 pages, 19,50€ franco de port

Ouvrage à commander à : Xavier Balp, 302, avenue Jean Jaurès, 69007 LYON accompagné d’un chèque de règlement de 19,50€ à l’ordre de Xavier Balp. Expédition par retour de courrier

Exposition aux Archives départementales


Les expositions organisées par les Archives départementales en cette fin d’année ou comment faire vivre le patrimoine archivistique des Alpes de Haute Provence

Les missions des Archives départementales sont : collecter, conserver, classer, communiquer et mettre en valeur. C’est dans le cadre de cette dernière mission que sont régulièrement proposées au public des expositions gratuites mettant en valeur le patrimoine archivistique départemental, à l’initiative du Directeur Monsieur Labadie qui les crée, les organise et les coordonne. Il s’appuie pour cela sur ses recherches personnelles, souvent complétées par le travail et les recherches du personnel des archives, et notamment du service éducatif.

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer, sur ce site, certaines des expositions précédentes. Depuis l’année dernière, et jusqu’en 2018, il a été décidé de proposer une exposition qui évolue au cours de ces 4 années sur la 1ère Guerre mondiale.

  1. L’exposition annuelle

vign_exposition-15-16...-l-enlisement-et-verdun_imgEn cette seconde année du centenaire, les Archives départementales ont donc décidé de consacrer une exposition sur l’enlisement de la Guerre à Verdun en 1915-16, visible jusqu’au 30 août 2016 : « 1915-1916 : l’enlisement et Verdun ».

Après les pertes colossales des premiers mois de la Guerre, la mortalité diminue en 1915 et fortement en 1916, malgré les grandes batailles. L’attente devenant pesante pour tous : le poilu lit et écrit, ainsi que sa famille et ses amis, il dessine, il photographie et parle de « sa guerre ». Et c’est le sujet présenté par l’exposition au travers de témoignages, lettres reproduites, instruments médicaux utilisés, équipements…

  1. L’exposition complémentaire

En parallèle, est également organisée une exposition intitulée « la seconde bataille des Alpes et les combats de l’Ubayette (hiver 44-printemps 45), par l’association « secteur fortifié du Dauphiné », visible jusqu’au 24 décembre 2015.

Elle évoque les combats et la vie quotidienne en Ubaye en 1944-1945 au travers de photographies, d’uniformes, d’armes d’époque. Y sont également associés des croquis, dessins et aquarelles réalisés par Maurice Passemard acquis en mars 2015 par les Archives départementales.

vign_la-seconde-bataille-des-alpes_imgCe dernier a participé aux combats de l’Ubaye en 44-45 en tant que soldat du 99ème régiment d’infanterie alpine et ses documents sont autant d’illustrations concrètes qui nous touchent. On soulignera la qualité des aquarelles qui permettent de donner vie à certaines scènes de la vie des soldats.

Les Alpes ont été le témoin de deux batailles : la première avait été marquée par la résistance des armées françaises aux assauts des forces italiennes en juin 40. La seconde, quant à elle, englobe les combats de libération dans les Alpes qui débute en automne 44 avec l’installation des unités françaises face aux troupes allemandes et italiennes qui occupent les crêtes et cols frontières alpins (du col de Tende au col du petit St Bernard).

Le statu quo demeure tout l’hiver qui est marqué par des activités de patrouilles, des accrochages et quelques coups de main.

C’est au printemps que les troupes françaises mènent des opérations afin de dégager des passages vers l’Italie. Mais, seule la dernière attaque dirigée sur le col de Larche, conduite du 22 au 26 avril, aboutit au contrôle de la zone et au rejet des troupes ennemies en Italie. Dans ce secteur, le dispositif allemand et italien s’appuie sur les forts de Roche-la-Croix et de Saint-Ours et sur le village de Larche. La 6e compagnie de Maurice Passemard s’empare avec le 159e RIA et le 9e Dragons du fort de Roche-la-Croix. Le lendemain, c’est au tour des forts de Saint-Ours de tomber. Le 26 avril, les chasseurs du 24e BCA atteignent Larche. Dès lors, le département des Basses-Alpes est libéré.

Le lendemain, les troupes françaises avancent en Italie et où elles combattent jusqu’à la capitulation italienne, le 2 mai 1945. Le 31 octobre 1945, à Montmélian (Savoie), le 99e RIA est dissous.

Au total, l’armée des Alpes compta 1 500 tués, disparus ou blessés.

Pour conclure, une fois de plus, nous vous conseillons d’aller visiter ces expositions très bien construites et nous saluons dans le même temps le travail réalisé et la coopération des services des Archives dans la réalisation de cet article (notamment Lucie Chaillan, animatrice du service éducatif et des actions culturelles).

Amandine Tormento

Histoire de la vallée de Barcelonnette, Ubaye et Ubayette par Xavier Balp


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ubaye et ubayetteAvec son ouvrage sur la vallée de Barcelonnette, Ubaye et Ubayette, Xavier Balp nous livre une somme de travail historique sur cette vallée de Haute-Provence depuis l’ère romaine jusqu’au traité d’Utrecht (1713) entre la France, l’Espagne, l’Angleterre, la Hollande, la Savoie et le Portugal qui vaut à la France d’acquérir la vallée de Barcelonnette qui appartenait à la Savoir depuis 1388.

Une fois française, il convenait de savoir à quelle province cette vallée devait être rattachée: le Dauphiné ou la Provence. Le Dauphiné pouvait paraître un bon choix, mais les habitants de la vallée préférèrent la Provence, afin de continuer à accueillir, sans payer de taxes, les moutons venus de Provence pendant les transhumances estivales. En effet, le changement de province était alors taxé aux frontières de cette province.

Xavier Balp prépare un ouvrage traitant de la période suivant le traité d’Utrecht. en attendant, il est indispensable, pour tout amateur d’histoire des Alpe’s de Haute-Provence, comme pour tout amateur d’histoire de détenir cet ouvrage dans sa bibliothèque. Il contient une quantité innombrable d’informations, de références bibliographiques et de documents d’archives qui permettent d’approfondir nos connaissances  de l’histoire de notre département. C’est en plus un outil indispensable pour conduire soi même des recherches historiques sur la vallée mais aussi plus largement la région de la Provence et du Dauphiné.

Pour vous le procurer, envoyez un mail à l’auteur: balpxavier@gmail.com

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Une exposition sur les « maisons d’école » cette été à Digne les Bains


affiche école
Les archives départementales de Digne les Bains, toujours aussi dynamiques, nous ont présenté cette été une passionnante exposition sur les écoles. Amandine Tormento l’a visité et en fait un reportage. nous attendons avec impatience les prochaines expositions des Archives.

L’exposition présentée en 2002 « Un siècle d’écoliers Bas-Alpins » traitait déjà de l’école, mais en tant qu’institution. La nouvelle exposition est centrée autour de « la maison d’école », à savoir, un bâtiment dévolu à la seule fonction d’enseignement. En effet, c’est une loi de 1878 qui oblige les communes à détenir un bâtiment d’école et donc, bien souvent, à le construire. Par la suite, les lois de Jules Ferry (1881-1882) entraînent l’effort sans précédent de l’Etat et des communes en faveur de la construction des maisons d’école. En parallèle, une réflexion sur l’architecture, avec la prise en compte des préoccupations hygiénistes, est engagée.
L’exposition permet d’aborder le cas particulier des Basses-Alpes où le processus de construction s’est appliqué de manière singulière pour différentes raisons :
– département pauvre,
– département étendu à cheval entre Provence et Alpes (695 684 hectares en 1899)
– département accidenté et faiblement peuplé (150 000 habitants en 1856 pour 255 communes)
– habitat inégalement réparti et dispersé
– fort mouvement d’exode rural à partir des années 1840.
Jusqu’à la fin du 19° siècle, le département des Basses-Alpes se couvrit d’écoles, près de 600 au total. C’est cette histoire que l’exposition propose de raconter en se basant sur une importante documentation et de nombreuses photos de « maisons d’école » du département.

Amandine Tormento

plan école Mélézen

« Le grand départ »


Le 21 avril 1906, le jeune Émile Roux arrivait à Saint-Nazaire après un long voyage à pieds, en patache et en train depuis le hameau de Rioclar, commune de Revel. Il devait continuer son voyage en embarquant à bord du paquebot transatlantique « La Navarre » à destination du Mexique.


Comme des centaines de jeunes gens de la vallée de l’Ubaye, et d’autres contrées des Basses Alpes, il était le cadet de famille désigné pour aller chercher, sinon fortune, du moins de l’aisance dans différentes activités commerciales, à la suite de leurs ainés partis dés le milieu du XIX° siècle. Avant de s’embarquer, il écrit cette carte postale à ses « chers parents », certainement le cœur serré, et leur adresse un « adieu » qui sonne comme un soupir d’abandon au destin. Mais en même temps, l’on perçoit comme un espoir d’avenir meilleur grâce à ce bateau qui va le « changer de pays ». Il commencera en effet une carrière dans le commerce de tissus, reviendra quelques fois dans sa famille avec quelque pécule mais mourra célibataire au Mexique dans les années 1920 à moins de 40 ans.

Sortie des archives familiales il y a peu, cette simple carte postale apporte de nombreux témoignages.

Elle réfère à la saga de l’émigration des Ubayens et Bas Alpins au Mexique. Mais elle rappelle que pour ces aventures il y a toujours eu un premier pas à faire : quitter sa vallée, aller jusqu’aux rivages de l’Océan que l’on voit certainement pour la première fois et embarquer à bord d’un immense navire de fer, pour une navigation de plusieurs semaines. Il n’y a que la premier pas qui coûte, et l’on peut imager combien il a du être difficile. Combien de nos contemporains refusent de changer de région pour trouver un meilleur emploi ? Combien hésitent à se confier aux ailes d’un avion ?

Retrouvée dans des cartons, avec des centaines d’autres cartes postales, de provenances et d’auteurs les plus divers, mais toutes écrites avec de belles écritures de pleins et de déliés tracées à la plume, elle témoigne d’une époque, d’un mode de vie, d’un système scolaire.

La carte postale est à cette époque ce que sont les téléphones mobiles et les SMS et MMS d’aujourd’hui, un moyen de communication rapide, simple et néanmoins explicite. Mais que restera t’il pour nos descendants de ces coups de fil « t’es où là? », entendus mille fois dans les transports en commun, de ces SMS « Pri bato, A+,  Biz  » ?

Les cartes postales de nos parents sont enfin une source d’une extrême richesse pour reconstituer l’histoire familiale, mais il faut les lire recto et verso. D’abord parce que l’illustration du recto est souvent aussi un message en soi – ici le bateau imposant et puissant a du impressionner les parents, mais les deux adolescents du premier plan, paisibles et gais, rassurent. Ensuite parce que le texte, vous l’aurez observé sur d’autres cartes, entamé au verso déborde souvent au recto. Vieux réflexe de bas-alpins habitués à l’économie où habitude de l’époque ? Une époque dans laquelle le souci de l’économie, ou à tout le moins le gaspillage était une faute.

Pouvons nous imaginer quel effet à pu produire l’arrivée de cette carte postale dans la ferme familiale ? Et les suivantes montrant la ville de Mexico, les paysages et les populations de ce bout du monde ?

 Jean-Claude Allard