Les Camoin, une dynastie d’artistes peintres

Parmi les hommes remarquables du département des Alpes de Haute-Provence, nous pouvons citer les trois peintres Camoin, Honoré, Paul & Victorin (dit Victor).
Honoré Camoin n’est pas bas-alpin, il a vu le jour à Allauch (B.du Rh.) en 1791. Il vint à Riez pour s’y marier avec une fille du cru. Il s’est fixé dans les Basses-Alpes puisqu’il acheta une maison à Espinousse entre Saint-Jeannet et Le Chaffaut. Il eut six enfants : trois filles et trois garçons, Paul, Victorin et Napoléon. Ce dernier,instituteur, naquit à Espinousse le 4 mars 1832 et y mourut le 4 novembre 1859.
Honoré Camoin avait fait ses études à l’école des Beaux-Arts de Marseille où il obtint en 1812 le premier prix de modèle vivant. En 1839, il est nommé professeur au collège de Digne. Il y enseignera jusqu’en 1855.
En 1887, le collège devient lycée national et c’est le peintre dignois Henri Jaubert qui occupe le poste de professeur. Selon Etienne Martin, autre peintre dignois, Honoré Camoin était : « Un maître consciencieux,ponctuel, scrupuleux mais manquant de talent personnel ». Camoin lui-même était conscient de cette infériorité relative : Les nécessités de l’existence et le professorat qui tuent, m’ont coupé les ailes ».
C’était pourtant un passionné de la peinture. Il admirait beaucoup les grands artistes de son époque : David, Granet, Ingres, Horace Vernet et ses deux frères Joseph & Carle. Il était aussi un admirateur inconditionnel de Napoléon. On raconte que les heures de cours se passaient très souvent en récits de batailles plutôt qu’en leçon de peinture. On comprend alors pourquoi son fils instituteur, François-Adrien fut surnommé Napoléon.
Après avoir enseigné pendant une quinzaine d’années, Honoré Camoin se retire à Espinousse où il meurt le 14 mars 1856 à soixante cinq ans, quelques mois avant son fils Victor.
Son fils aîné, Paul-François naît à Riez le premier janvier 1815. Il montre très tôt un talent pour le dessin et l’aquarelle et peut, dès l’âge de vingt ans,vivre de son métier. Mais, dans l’institution privée où il entre à Aix-en-Provence comme professeur de dessin, trouvant son salaire trop faible, il demande et obtient un emploi dans les Contributions Indirectes. Nommé sans concours à Paris, il se retrouve secrétaire du Directeur Général.
Lassé de son travail il se fait mettre en disponibilité. Le voilà donc libre dans la capitale. De caractère opiniâtre, il fait preuve souvent d’humour et de désinvolture. Cependant il a beaucoup de succès et ses œuvres se vendent bien. Vers 1853, il revient à la maison familiale d’Espinousse. Il n’en sortira plus que pour des escapades à Digne ou à Marseille. Et c’est à cette époque qu’il produit le plus. Ses aquarelles deviennent plus fines, plus harmonieuses. Sa recherche de la couleur devient plus subtile. Paul Camoin meurt à Espinousse le 18 juillet 1889.  Il a laissé au musée de Digne plusieurs aquarelles : deux paysages, intérieurs de ferme, coin de cellier, chemin en sous-bois, vue des colonnes de Riez et une lithographie intitulée fontaine de Riez.

 Victor Camoin est d’après Etienne Martin :« Un véritable penseur ». Très tôt, il se met à dessiner, il excelle dans la caricature et le portrait. « C’est un dessin clair, précis, honnête » et selon le mot d’Ingres : « Le dessin c’est la probité de l’art ». En 1839,il suit son père à Digne, mais en 1846, celui-ci l’envoie à Marseille où son talent s’épanouit, ce qui lui confère une grande réputation artistique. D’ailleurs pour Etienne Martin, il aurait pu : « devenir, avec une bonne santé, l’un des peintres les plus remarquables de la grande école provençale du XIX° siècle ». C’est de cette période que datent ses aquarelles les plus renommées. Il rencontre à Marseille Paul Martin qui deviendra son ami et le dépositaire de ses œuvres dans cette ville où il avait un magasin de tableaux et objets d’arts en 1853. Victor Camoin est né à Riez le 2 mars 1824. De santé fragile,il naît infirme,le bras gauche paralysé. Il travaillait sans modèle, sans croquis, il avait la mémoire de l’œil. Il a peint de nombreux paysages, mais il se trouvait moins à l’aise que dans les portraits. Pour ses aquarelles toujours plaisantes, Victor Camoin eut beaucoup de succès. Il exposa aussi dans les principales villes autour de Marseille. Quelques-unes de ces aquarelles sont d’un grand format, notamment celle intitulée « Braconnier poursuivi par un gendarme » qui représente un épisode de la vie bas-alpine. Il en existe une seconde de même format « L’entrée des insurgés à Digne en 1851 ». Le musée de Digne possède plusieurs œuvres de Victor Camoin : « Les Bureaucrates, les Saltimbanques, Types dignois… ». Le musée possède également un autoportrait de Victor Camoin,ainsi que son portrait peint par Paul Martin. Sa maladie le faisait beaucoup souffrir, il s’en plaignait parfois à ses amis, Paul Martin ou Casimir Mariaud qui disait qu’il n’avait jamais vu rire Victor et que son sourire était, pour ainsi dire, mélancolique. Son état de santé s’étant aggravé à partir de 1853, c’est dans la maison familiale d’Espinousse qu’il meurt en 1856,emporté par la tuberculose. Il avait trente deux ans.
il est agréable de penser que ces trois peintres de talent,chacun à sa manière, ont fait honneur aux Basses-Alpes.

Louis Tartière

4 réponses à “Les Camoin, une dynastie d’artistes peintres

  1. Pingback: Quelques aquarellistes français ou belges disparus au 20ème siècle – Partie 4 – Paul Martin – Michel Mohrt – Blanche Odin – Nestor Outer – Jean-Louis Paguenaud – Marguerite Paulet-Kreps – Paul-Emile Pissaro | Aquarelle, couleurs, pa

  2. Bonsoir. Juste une petite rectification chez les Vernet que vous citez en tant que frères. Joseph est le père de Carle qui est lui-même le père d’Horace. Ils ne sont pas frères. Merci. Xavier

  3. Un grand merci pour cet excelent article
    amicalement
    Gilles

Laisser un commentaire