L’année 2011 a commencé avec le froid et la neige dans le département, une nouvelle réconfortante pour le tourisme et la montagne, mais moins bien appréciée pour tous ceux qui doivent emprunter des routes souvent verglacées. Ces conditions difficiles, mais normales pour un département « alpin » et aussi de « haute » Provence n’ont pas empêché la tenue des traditionnelles cérémonies de vœux dans les différentes communes.
Les salles municipales du département ont donc bruissé tout au long du mois de janvier des conversations des administrés venus prendre connaissance des bilans et projets de leurs équipes municipales, et des atouts et contraintes qui allaient marquer la vie de leurs communes pour l’année 2011.
Présidées par les maires, entourées des membres de leurs conseils municipaux, ces réunions ont rassemblés de nombreux administrés, mais aussi les « corps constitués ». Dans les villes et villages, gendarmes, pompiers, enseignants, fonctionnaires étaient ainsi appelés à montrer leur intégration dans la vie locale. Bien entendu les personnes des services municipaux étaient aussi présentes et systématiquement remerciées pour leur travail dans les discours des maires. Le conseiller général du canton était généralement présent, voire parfois des élus régionaux et le Président du Conseil régional, le sénateur M. Domeizel ou les députés, MM. Bianco et Spagnou. Toutes les communes avaient fait salle comble.
Pour dresser le bilan de l’année écoulée, beaucoup de municipalités avaient choisi de faire appel à la vidéo pour rappeler en de nombreux plans, les réalisations concrètes de l’année écoulée ; une occasion de mieux connaître en quelques minutes l’environnement et un outil de promotion de la commune pour l’année à venir. Quelques fois, dans les grandes communes, un ou plusieurs adjoints au maire ont été chargés de compléter les informations par un exposé oral. Mais revenait ensuite au maire l’honneur, mais aussi la responsabilité, d’endosser ce bilan et d’ouvrir des perspectives pour 2011. Plutôt qu’une grande réunion, un maire a choisi de parcourir sa commune et de rencontrer les habitants quartier par quartier. Quelques fois, la parole fut donnée au conseiller général du canton pour montrer la cohésion des équipes et aussi certainement, donner l’idée de la maintenir lors des prochaines élections de mars. Enfin, les conseils municipaux des jeunes, dés lors qu’ils existent, étaient de la partie, et certains ont pu également s’exprimer soulignant leur attachement à la préservation du futur (écologie, tri des déchets, traitement des eaux, ..).
Toutes ces personnes ont été chaleureusement remerciées par les maires. Nous avons noté aussi les remerciements aux conseillers municipaux dont beaucoup, dans les petites communes, outre leur rôle de conseillers et d’administrateurs, prennent aussi les outils pour participer à l’entretien des équipements et du patrimoine communal. De quoi donner une juste et belle image de l’engagement « politique » puisque, administrateurs de la vie de la cité, ils sont donc des « politiques ». Remerciements destinés aussi aux associations dont on sentait le rôle central pour animer la vie communale. Deux exemples: Saint-Etienne-les-Orgues affiche 38 associations pour une population de 1197 habitants, soit une association pour 32 habitants, Sainte-Tulle a 1700 adhérents au centre social municipal et plus de 1000 licenciés sportifs pour une population de 3265 habitants. De l’aide aux personnes âgées à l’organisation de crèches, du soutien social aux loisirs, les associations sont présentes à toutes les étapes et dans toutes les activités de la vie de chacun d’entre nous.
Pour compléter cette description des « mises en scène », soulignons que de façon très originale, certains maires avaient aussi choisi de donner la parole à de nouveaux arrivants, voire de leur offrir un petit cadeau (Limans). Une heureuse idée pour jeter un œil nouveau sur la commune et bénéficier de l’expérience acquise ailleurs par ces personnes. C’est finalement dans cet esprit qu’à été rédigé cet article: qu’est-ce qu’un observateur extérieur a retenu de toutes ces manifestations ?
Nous avons compris qu’il y avait beaucoup de difficultés dans chacune des communes du fait de la ruralité, de la crise économique, des réformes entreprises par l’État, mais nous avons vu que toutes, une fois l’effet de choc passé, recherchaient des solutions innovantes et se tournaient résolument et avec optimisme vers l’avenir.
Comment et sur quels thèmes nos maires ont-ils développé leurs traditionnelles et indispensables cérémonies des vœux ?
Les bilans de l’année écoulée font ressortir de nombreux efforts pour améliorer les équipements collectifs (rues, carrefours dangereux, voies piétonnes ou cyclables), tout cela financé au plus juste par les budgets communaux complétés par des subventions départementales, régionales, étatiques ou européennes sur certains projets, obtenus non sans un rude travail de persuasion auprès des instances décisionnelles. Mais la contribution des niveaux politiques et administratifs supérieurs au soutien et au développement des zones rurales n’est pas toujours acquise. Les projets de réorganisation de la poste et le réaménagement du fonctionnement des bureaux, voire leur suppression pure et simple en sont l’exemple et ont été au cœur des inquiétudes manifestées par de nombreux maires.
Nous avons aussi noté dans ces dizaines de communes l’effort fait ou prévu pour l’habitat, de nombreuses réhabilitations et constructions de logements communaux ont été citées. Depuis des programmes de un à deux logements pour les petites communes jusques aux grands projets des villes [logements communaux ou sociaux à Saint-Michel-L’observatoire, Mane, Céreste, Barrême, Vachères, Château-Arnoux-Saint-Auban (62 logements sociaux), Peipin, Volx (28 logements communaux réhabilités, deux autres programmes à venir)]. Digne-les-Bains lance l’Opération Programmée pour l’Amélioration de l’Habitat (OPHA), Sisteron le chantier de rénovation urbaine du centre ville (Résorption de l’Habitat Insalubre-RHI) et l’aménagement du cours Paul Arène pour arriver à créer un « petit cours Mirabeau ». Manosque va mettre en route un « plan d’aménagement cohérent du centre ville », tout en poursuivant les actions en cours (nombreux parkings, aménagement de l’avenue saint-Lazare), Peipin annonce aussi la remise en état et la valorisation de son centre grâce au programme d’aménagement solidaire de la région (PAS). La population du département était de 157 965 habitants au recensement 2008, elle devrait être de presque 160 000 aujourd’hui et atteindre plus de 200 000 habitants en 2040. Si cette augmentation a fait sentir ses effets sur l’activité du bâtiment, elle se fait aussi sentir dans les activités et les services : ouverture de classes dans les écoles primaires (5° classe et École numérique rurale à Céreste, groupe scolaire en cours de construction à Thorame-Haute et à Saint-André-Les-Alpes), ouverture de commerces dans les villages, principalement des épiceries ou des boulangeries (Mane, Dauphin, Volx, Lurs, Saint-Martin-les-Eaux), grande extension de la librairie le Bleuet à Banon -voir notre bulletin n° 70- arrivée de trois nouvelles enseignes à Peipin, nouveaux restaurants (Banon), sympathiques « bistrots de pays » (le bistrot de Puimichel a eu une fourchette au guide Michelin, le bistrot du Brusquet devrait ouvrir). Création d’activités économiques (atelier bois à Barrême). Les services de l’État ne désertent pas tous et les communes s’emploient à les accueillir (nouveaux logements pour les gendarmes et arrivée de nouvelles unités à Castellane), construction d’un hôpital (Castellane). Mais, exemple criant de la diversité des atouts selon les « pays », d’autres communes ont dû au contraire souligner une décroissance alarmante dans les mêmes domaines, (40 enfants de moins dans les écoles à Château-Arnoux-Saint-Auban avec la perte d’activité à l’usine exemple).
Les communes ont besoin de s’équiper pour fournir les meilleurs services aux administrés, diverses réalisations ou projets ont été cités : centre technique municipal à Gréoux-les-Bains, interventions sur les réseaux d’eaux usées ou d’électricité à Barrême, Sisteron, Volx, Mézel, Saint-André-Les-Alpes, Rougon, Digne-les-Bains, Ubraye, Cruis, Bras d’Asse, Thorame-haute, Roumoules, Banon, Le Brusquet, Corbières, caserne de pompiers à Volx. Enfin de nombreux Plan Locaux d’Urbanisme (PLU) se terminent, continuent ou démarrent (l’Escale, Céreste, Château-Arnoux-Saint-Auban, Puimichel, Riez).
Réalisations et projets coûtent chers, mais beaucoup de maires se sont engagés à ne pas augmenter la fiscalité ou à le faire de façon à « ne pas trop pénaliser » leurs administrés ; d’autres ont réussi à développer un travail collectif soutenu en communauté pour gérer au mieux les budgets en période de crise ; enfin des baisses d’impôts communaux ont été annoncés par certains. Reste qu’il faudra bien continuer à préparer l’avenir qui semble s’annoncer sous des jours contrastés. L’intercommunalité justement a donnée lieu à des appréciations très diverses. Elle est critiquée ici par ceux qui voudraient pouvoir créer des synergies entre communes seulement sur des projets précis et avec des participations libres. Elle est appréciée ailleurs par ceux qui se félicitent de leur adhésion à des communautés de communes pour les réalisations qu’elle permet avec une moindre pression financière.
Pour l’avenir, plusieurs centres d’intérêt.
Le tourisme et les activités de loisirs font l’objet d’attention : Centre nautique et ludique à Manosque, création de fêtes nouvelles [de l’olive, de la truffe, fêtes médiévales (Simiane-la-Rotonde, Gréoux-les-Bains)], projet « patrimoine ouvert à tous » à Forcalquier, musée de la lavande à Barrême, avec aussi un projet d’office du tourisme intercommunal. La mise en valeur ou la protection du patrimoine complètent ce thème: réhabilitation d’églises, chapelles ou monuments et bâtiments historiques civils (Bras d’Asse, l’Escale, Oraison, Saint-Martin-les-Eaux, Mane, Saint-Etienne-les Orgues, Gréoux-les-Bains, Vergons, Puimichel, Saint-Michel-L’observatoire, Entrevennes, la Brillanne, Vachères), livre sur l’histoire locale à Saint-Julien-du-Verdon.
Un sujet majeur et central pour les mois à venir : la réforme territoriale avec des inquiétudes, mais aussi des espoirs. Inquiétudes sur le degré de liberté et de choix qui pourrait être laissé aux communes, les moyens qui leur seraient attribués, l’intérêt qui serait porté à leurs préoccupations et aux besoins de leurs habitants par les instances supra-communales de tous les niveaux. Ainsi, à la représentation actuelle du niveau communal assurée vers le Département par le canton avec 30 conseillers généraux et vers la Région par les 5 conseillers régionaux, se subsisteraient 15 conseillers territoriaux cumulant des responsabilités départementales et régionales. Ce resserrement provoque des inquiétudes sur les capacités de représentativité de cette future poignée de femmes et d’hommes.
Certains aspects sont cependant porteurs d’espoir. Ainsi le pays de Manosque qui, avec les communes avoisinantes, pourrait arriver au seuil requis de 50 000 habitants pour constituer une communauté d’agglomération. La possibilité de créer une agglomération au-delà du seuil de 30 000 habitants, dés lors que le chef-lieu de département est compris dans le décompte, soulève aussi des espoirs dans le pays dignois. Des appels ont donc été lancés pour dépasser le concept d’intercommunalité. Quatre syndicats intercommunaux pourraient se réunir pour constituer cette communauté d’agglomération. Le maire de Digne-les-Bains souligne que cette nouvelle organisation administrative locale pourrait apporter des dotations supplémentaires de l’État à hauteur de 700 000 €, mais aussi donner une plus grande cohésion à l’aménagement du cœur du département où toutes les communes sont interdépendantes, voire spécialisées et ne peuvent vivre aisément que grâce aux soutiens des autres. Le maire d’Aiglun souligne aussi tout l’intérêt des communes d’adhérer à ce projet. De leur coté, Sisteron et Château-Arnoux-Saint-Auban dialoguent pour développer des synergies.
Dans le pays dignois, cœur du département, un souci récurrent : l’enclavement routier (voire du réseau ferré) contre lequel se bat le maire de Digne-les-Bains, mais aussi les autorités politiques et administratives départementales. Cette question intéresse également l’ensemble des communes du bassin de la Bléone et d’une partie de l’Asse, car l’arrière pays n’a qu’une issue pour sortir vers la plaine, le confluent de Digne-les-Bains. Une particularité géographique déjà connue des Romains et avant eux des peuplades celtes de la région qui avaient établi la cité de Dinia au point de passage entre les montagnes et la plaine.
Le développement durable et le respect de l’environnement sont aussi une préoccupation de tous les élus. Au-delà de tous les efforts pour mettre les équipements collectifs aux normes, efforts déjà cités, retenons quelques actions ponctuelles : éco quartiers (Pierrevert, Limans), la géothermie pour les bâtiments communaux (Corbières), le grand succès du site Heersis dédié au développement durable de Sisteron, parcs photovoltaïques (Les Mées -60 hectares-, Valensole -33 hectares-) . Recherche dans le développement durable, énergies nouvelles, agriculture biologique sont des atouts que chaque commune du département tient à développer.
Ces quelques lignes avaient pour objectifs de donner une vision globale des préoccupations quotidiennes des différentes municipalités du département. De nombreux projets et communes n’ont pas été cités, mais feront l’objet de toute notre attention dés qu’ils seront connus. Des sujets et thèmes d’avenir, avec de grands projets, sont également à développer et nous nous attacherons tout au long de l’année, avec l’aide des acteurs locaux, à le faire plus en détails sur notre site internet et dans notre bulletin. Nous avons voulu, à travers ce tour des cérémonies des vœux des communes du département, saisir une « atmosphère » et permettre à nos lecteurs de s’immerger dans la vie des villes et villages qui leur sont chers.
Je profite enfin de cette publication pour adresser à toutes les communes du département et à leurs habitants les meilleurs vœux de la Société fraternelle des Alpins de Haute-Provence à Paris.
Jean-Claude Allard
Président